6

Les angoisses de Jehn s’évanouirent avec les moissons qui suivirent son union à Myria. Était-ce à cause de la présence constante de la jeune femme, l’image de l’inconnue aux yeux verts s’estompa peu à peu. La gaieté naturelle de Myria avait chassé les tourments de son compagnon.

Après le solstice d’été, la vie de la tribu reprit son cours. Un soleil triomphant régnait en maître dans les deux, mûrissant le blé, l’orge et le seigle. Jehn abandonna son arc et son épieu pour offrir ses bras aux cultivateurs. La journée commençait dès l’aube, et ne s’achevait que lorsque le soleil avait disparu à l’horizon. On allumait alors des torches de bouleau, qui brûlaient longtemps, et l’on écoutait les anciens narrer les vieilles légendes, en buvant des gobelets de zahaat.

Ensuite, Jehn regagnait sa demeure en compagnie de Myria qui, malgré la fatigue accumulée, refusait de s’endormir tout de suite. Comme elle, il aimait ces moments de chaude intimité où ils pouvaient s’offrir mutuellement les caresses les plus tendres, et un amour dont ils étaient affamés tous deux, de toute la force de leur jeunesse.

Puis un jour nouveau venait, où il fallait couper le blé à l’aide des serpes à lame de silex, lier les gerbes, les ramener jusqu’au village. Les femmes les battaient à grands coups de fléau pour en extraire les grains que l’on récoltait dans de vastes corbeilles tressées par le vannier.

Les grains étaient broyés sur des meules de granit fixes. On stockait ensuite la farine dans de grandes jarres d’argile cuite scellées, afin de dissuader les rats et autres souris d’aller y fourrer leur nez. En prévision des grands froids, on engrangeait un maximum de réserves.

Durant cette période d’intense activité, les rêves étranges de Jehn s’estompèrent, puis disparurent. Il finit par les oublier.

Les récoltes terminées, un messager officiel se présenta, réclamant la présence des hommes les plus forts du village pour la construction du futur tombeau du kheung. Aalthus donna son accord. Le kheung était le représentant des dieux parmi les hommes. Depuis la nuit des temps, il convenait de lui bâtir un tombeau digne de ce nom.

Suivi de Jehn et d’une trentaine d’hommes de la tribu, il se mit en route vers le village d’Her-Lann, où résidait le souverain. Ce n’était pas la première fois que Jehn accompagnait ainsi son père. Cependant, les années précédentes, il n’avait pas encore d’épouse. Or, Myria devait rester à Trois-Chênes, avec les cultivateurs et les autres femmes, afin d’assurer la cueillette des fruits de la fin de l’été, que l’on ferait cuire dans du miel pour les conserver tout l’hiver. En chemin, malgré les bavardages joyeux de ses compagnons, il constata qu’elle lui manquait beaucoup. Mais la loi de la nation primait sur les désirs des hommes. Il fallait se soumettre.

Pour se rendre à Her-Lann, ils durent traverser la Khor’ach, la rivière qui séparait le territoire des Loups et celui du kheung. Un radeau de grande taille, composé d’énormes rondins, les attendait. Un long cordage ancré sur chaque rive permettait de le guider d’un bord à l’autre.

Cette fois cependant, son utilisation serait différente. Lorsque les Loups parvinrent sur les lieux, une petite tribu voisine, celle des Castors, s’y trouvait déjà. Elle avait apporté deux superbes monolithes de granit qu’elle souhaitait offrir au kheung pour son tombeau. Mais il fallait hisser les lourdes dalles sur le radeau qui devait les conduire à destination, le long de la côte d’Her-Lann. On accueillit les Loups avec des cris de joie. Leurs bras ne seraient pas de trop.

Tout le monde se mit à la tâche. La marée était encore haute, mais le reflux n’allait pas tarder ; ainsi pourrait-on profiter du courant descendant. On fit glisser les pierres géantes sur des rondins. La plus petite ne mesurait pas moins de six coudées[8].

Grâce au renfort de la tribu des Loups, les deux monolithes furent rapidement installés sur l’embarcation. Il était temps. La marée commençait déjà à entraîner le radeau vers l’aval. Il suffisait largement à porter tout le monde. Des hommes le guidèrent avec de longues perches de bois pour éviter les rochers affleurants. Bientôt, le courant se fit plus rapide. Des vagues courtes et furieuses éclaboussaient les hommes d’une eau salée et chargée de senteurs marines. Des mouettes criardes tournoyaient autour de l’embarcation, quêtant un peu de la nourriture que les hommes avaient emportée.

La tâche des pilotes s’avéra plus délicate lorsqu’il fallut s’éloigner du courant pour aborder sur la côte longeant le territoire d’Her-Lann. Les hauts-fonds étaient nombreux et les rochers acérés. Un sondeur surveillait la profondeur à l’aide d’une traîne équipée de poids fixés à intervalles réguliers, tandis que les hommes poussaient vigoureusement sur leurs longues perches. Malgré quelques frayeurs dues à des tourbillons perfides, le radeau finit par accoster sur la grève, où l’on déchargea aussitôt les deux monolithes.

De la grève, on apercevait le tumulus. C’était une espèce de haute pyramide de sable et de pierre au sommet de laquelle se dressait le monument proprement dit. Les Loups quittèrent leurs compagnons et se rendirent sur le chantier. Une foule importante s’y massait déjà. La plupart des hommes s’affairaient autour de grands blocs que l’on prélevait sur les plaques de granit affleurant. D’autres préparaient la nourriture et la boisson.

Les arrivants se dirigèrent tout d’abord vers une vaste tente de peaux d’aurochs cousues entre elles ; le kheung, Dravyyd le Grand, y accueillait ses sujets, entouré de ses conseillers et des man’shas de sa tribu, la plus importante communauté de la nation. Il se leva pour recevoir la tribu des Loups.

– Aalthus, mon frère, soyez les bienvenus, toi et tes hommes. Vous ne serez pas de trop. Mon tombeau n’est pas terminé, loin s’en faut, et l’âge me gagne. Les dieux me rattrapent. Nous avons besoin de tous les bras disponibles.

– Mon frère Dravyyd peut compter sur nos efforts.

Le kheung le prit par les épaules, puis s’écarta en affichant une moue de frustration.

– Vous n’êtes guère nombreux, cependant.

– J’ai pris avec moi tous les hommes valides. Mais il fallait que certains restent. Nous n’avons pas encore engrangé assez de vivres pour la saison froide. Nous devons assurer la subsistance de nos enfants.

Le kheung balaya ces propos d’un geste agacé.

– La vie n’est rien, lorsqu’il s’agit du messager des dieux sur la terre. J’espère que tes hommes sont suffisamment solides pour fournir un gros travail.

– Ils le sont, mon frère, répliqua Aalthus. Comme tu peux le constater, j’ai amené avec moi mon fils Jehn, dont la force vaut celle de six hommes.

Dravyyd dévisagea Jehn, qui le dominait de trois bonnes têtes.

– Oui, je me souviens de lui. Sa présence nous sera utile.

Il toisa les hommes du clan du Loup, puis saisit le bras d’Aalthus, qu’il entraîna à l’écart. Jehn les suivit.

– Viens, mon frère. Je voudrais te montrer quelque chose.

Ils débouchèrent bientôt dans une vaste clairière où se dressait un monolithe impressionnant, de la hauteur de dix hommes.

– Voici Erh Garah, la pierre des dieux, déclara Dravyyd avec un orgueil non dissimulé. Les man’shas y gravent actuellement mes armes. Jamais on n’avait édifié de pierre levée de cette taille.

Aalthus s’approcha avec respect du géant de granit. Un échafaudage s’y adossait jusqu’à mi-hauteur ; là, sur les indications des sorciers, des hommes gravaient des signes symboliques qui proclamaient la gloire du kheung.

– Te souviens-tu, l’année dernière, lorsque nous l’avons placée dans sa fosse, après l’avoir tirée sur d’innombrables coudées ? Trois hommes ont été écrasés sous son poids en dégageant le sable. Combien de cordes avons-nous rompues sur cette pente enduite de suif ? La graisse d’un troupeau entier y fut consacrée. Mais regarde aujourd’hui cette merveille. Elle sera l’orgueil de mon règne. Ainsi, tous nos descendants se souviendront de moi.

Il contempla l’énorme monolithe comme s’il l’avait érigé à lui seul. Jehn savait cependant que le kheung ne participait jamais au travail. Il se contentait de donner ses ordres.

Le petit personnage replet, au visage bouffi par l’alcool de zahaat lui déplaisait souverainement. Il s’en voulait un peu de ces sentiments irrespectueux. Le kheung était le descendant des dieux qui autrefois avaient conquis ce pays sur les glaces du Nord. Mais il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une profonde aversion pour lui. Il lui répugnait d’être obligé de travailler pour édifier son tombeau, alors que les bras de la belle Myria l’attendaient à Trois-Chênes.

– Je pense que nos compagnons doivent attendre avec impatience que vous alliez les aider, dit tout à coup le kheung.

C’était un ordre à peine dissimulé. Aalthus inclina la tête, et se dirigea vers le chantier, suivi des siens. Le vieil Akhoun grommela :

– Ce Dravyyd est un prétentieux imbu de sa personne. J’ai bien connu son grand-père. Un homme simple, droit et juste, qui n’était pas le dernier à tirer sur la corde ou à pousser les leviers. Mais les temps ont changé. Rien n’est plus comme avant.

Il avait tenu à venir pour prodiguer ses conseils, son âge avancé ne lui permettant plus de participer aux manœuvres difficiles des lourdes dalles de granit. Mais il en profitait pour retrouver de nombreux amis, parfois presque aussi âgés que lui.

Aalthus dit à son fils :

– Le vieux tailleur de pierre a raison. Notre nation évolue d’une manière qui ne me plaît guère. Autrefois, l’ouvrage s’accomplissait en chantant. Bien souvent, les femmes nous accompagnaient. L’on taillait les pierres, puis on les transportait par terre ou sur des radeaux ; on les dressait dans la joie. Les musiciens nous encourageaient de leurs instruments. À la fin de la journée, chacun faisait franche ripaille. C’était alors une grande fête que l’édification du tombeau du kheung. Il était notre père à tous, notre messager auprès des dieux.

« Aujourd’hui, certains chefs s’estiment d’une classe supérieure aux autres membres de leur tribu. Ils assoient leur autorité sur la violence et s’entourent d’hommes armés. Malheur à celui qui ose se rebeller contre eux et refuse de travailler pour les nourrir. Ils se font bâtir des demeures de plus en plus grandes, abusent honteusement des femmes, marchandent les enfants, se font tisser des vêtements, fabriquer des bijoux. Et surtout des armes, beaucoup d’armes.

Il y avait de l’amertume dans sa voix. Les paroles de son père dévoilaient à Jehn un aspect de la nation qu’il n’avait pas envisagé. Il n’avait guère accordé d’importance au fait que le kheung fût entouré de quelques personnages presque aussi richement vêtus que lui, et de gardes arborant de longs poignards de silex et de lourds épieux.

Aalthus ajouta d’une voix sombre :

– Je crains que ce ne soit que le commencement. Plus les hommes seront nombreux, et plus apparaîtra ce genre d’individus.

– Je n’aime pas beaucoup ce Dravyyd, père. Alors pourquoi venir ici ? D’autres tâches nous attendent à Trois-Chênes.

– Nous devons respecter la tradition, pour ne pas mécontenter les dieux.

Soudain, son visage s’éclaira.

– Et puis, cela nous permet de retrouver de braves compagnons.

Il s’arrêta près d’un petit groupe qui, sur les indications d’un man’sha, s’affairait à détacher une lourde masse de granit de la plaque qui affleurait sur le sol.

– Le salut des dieux soit sur toi, Fraïn.

L’un des hommes observa l’arrivant et lui ouvrit les bras. Ils s’administrèrent des claques aussi viriles qu’affectueuses dans le dos.

– Aalthus, mon compagnon. Quelle joie de te revoir. Es-tu toujours un chasseur aussi redoutable ?

– Mon œil est encore sûr et mon bras solide. Mais mon fils Jehn que voici est beaucoup plus fort que moi.

L’homme contempla Jehn avec un sourire ravi.

– J’ai entendu parler de lui. On m’a dit qu’il avait tué un ours l’hiver passé.

– On ne t’a pas menti !

– Je n’aimerais pas me mesurer à la lutte avec lui dans le cercle de sable, à l’époque du Ster’Agor.

Il saisit le bras de Jehn et le pressa contre le sien.

– Sois donc mon ami, Jehn le chasseur. Et dis-toi qu’il y aura toujours une place pour toi dans nos rangs si jamais tu trouves le temps de venir chasser avec ceux du clan des Renards. Tu auras ta part, bien sûr.

– Je te remercie, Fraïn. Lorsque reviendra le temps des grandes chasses, je passerai te voir avec mon épouse, Myria.

– Tu seras le bienvenu. Mais regarde un peu ceci. Cela devrait t’intéresser.

Il désigna ses trois compagnons, qui avaient terminé de délimiter le dessin de la dalle de granit en la marquant au charbon de bois. L’un d’eux déposa sur les marques de fines aiguilles de pin enduites de résine. Lorsque l’opération fut terminée, on embrasa la ligne à l’aide d’un silex à feu. Le mélange d’aiguilles et de résine se consuma lentement, dégageant une fumée odorante. Quand la pierre fut ainsi chauffée, les quatre hommes versèrent d’un coup de grandes gerbes d’eau glacée. Un craquement impressionnant se fit entendre. Jehn s’approcha, intrigué. La brusque différence de température avait fendu la lourde masse de granit, dessinant une crevasse peu profonde.

Ensuite, toujours sur les conseils du man’sha, on enfonça des coins de bois de hêtre très sec dans la longue fente. Puis on les arrosa abondamment eux aussi. Fraïn revint vers Aalthus et son fils.

– En s’imprégnant d’eau, le bois va gonfler, et sa force est telle qu’il finira de séparer la dalle de son socle. Il ne nous restera plus qu’à la « boucharder » à l’aide de pierres dures pour aplanir la surface inférieure, souvent inégale.

Il reprit le bras de Jehn.

– Mais cela va prendre un peu de temps. En attendant, accepterez-vous de partager notre repas ?

Ils ne se firent pas prier. Jehn éprouvait une vive sympathie pour l’ami de son père. Tant qu’il resterait des hommes comme lui, le souverain et ses porteurs d’armes ne seraient pas totalement les maîtres de la nation.

Après le repas, les hommes du clan se dirigèrent vers le chantier, une sorte de tertre au sommet duquel s’élevait une double rangée de pierres levées. De longues dalles plates reposaient déjà sur certaines d’entre elles, ébauchant un couloir qui menait à une chambre à ciel ouvert, ceinturée de lourds monolithes de granit. Pour lors, le couloir était empli de sable, que l’on dégagerait une fois l’édifice achevé.

Au pied du tumulus, une troupe importante d’hommes seulement vêtus de pagnes, en raison de la chaleur et de l’effort qu’ils fournissaient, manœuvraient une lourde dalle reposant sur des rondins. Afin d’éviter qu’ils s’enfoncent dans le sol sous l’énorme poids, on les avait posés sur des poutres qui formaient des sortes de rails. Une équipe nombreuse tirait sur des cordes entourant le monolithe. Un groupe d’une demi-douzaine d’ouvriers poussait la pierre à l’aide de lourds leviers de bois. Sous la direction d’un maître de chantier qui hurlait les ordres de manœuvre, la pierre avançait lentement, gravissant la pente coudée après coudée. À mesure qu’elle se déplaçait vers le sommet du tumulus, on récupérait les poutres et les rondins de l’arrière pour les ramener à l’avant.

Jehn s’était placé au sommet de la pyramide, au milieu d’hommes suant et soufflant. Aalthus avait saisi un énorme levier et s’arc-boutait sur la dalle. C’était l’endroit le plus dangereux. Si les tireurs relâchaient leur effort, la pierre pouvait rouler en arrière sur les rondins et écraser les pousseurs. Elle devait mesurer près de douze coudées de long pour quatre de large. Déjà, l’un des rondins avait été broyé sous son poids. On s’empressa d’en rajouter un autre.

Enfin, la dalle fut hissée au sommet. C’était le moment crucial où elle allait enfin prendre place sur les lourds monolithes verticaux. Les hommes redoublèrent d’effort pour l’amener en haut du tumulus.

C’est alors que se produisit l’accident.

Le Prince Déchu
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